22/10/2007
Les vrais assassins de Guy Môquet
En ces temps de confusionnisme historico-mémoriel, il est temps de reprendre des cours d'histoire.
On peut commencer par savoir que c'est Pierre Pucheu, ministre de Pétain et membre du patronat de l'époque qui a choisi Guy môquet et ses camarades (et pas "compagnons" comme l'ont honteusement prétendu nos ministres) et lire à ce sujet le billet d' Olivier Bonnet sur Plume de presse:
[Pucheu] un des plus éminents représentants de ce qu’on appelait alors le Comité des forges et de cette bourgeoisie qui, après le triomphe de Hitler, entend prendre sa revanche sur le Front populaire. Pucheu, donc, choisit. Politiquement. Charles Michels, secrétaire général des cuirs et peaux CGT ; Jean-Pierre Timbaud, dirigeant de la métallurgie CGT ; Jean Poulmarch, dirigeant du syndicat des produits chimiques CGT ; Jules Vercruysses, dirigeant du textile CGT ; Désiré Granet, dirigeant du papier-carton CGT ; Jean Grandel, secrétaire de la fédération postale CGT..." En somme, se débarrassant des syndicalistes, il joint l'utile (pour le patronat) à l'agréable (trucider la vermine rouge).
Et on peut lire avec intérêt les deux livres ci dessus.
Le choix de la défaite - Les élites françaises dans les années 1930
Annie Lacroix-Riz •Armand Colin•2006•671p.•35€"Les Français n’ont pas été simplement été vaincus en cinq jours par une Wehrmacht invincible; le hautpatronat les a sacrifiés à son plan de «réforme de l’Etat». Cette affirmation incroyable paraît moinsaudacieuse à la lecture des archives relatives à une décennie d’actions des élites: militaires; politiciens..."
Industriels et banques françaises sous l’occupation La collaboration économique avec le Reich et Vichy
Annie Lacroix-Riz Armand Collin•661p.•1999•32€"Ecrit à partir du dépouillement des archives françaises et allemandes, ce document fait date dans l’historiographie de la guerre de 1940-1945. En été 1940, les banquiers et industriels français participent avec conviction à la liquidation des institutions républicaines."
Et mettre ça en parralèle avec les projets affichés du Medef d'aujourd'hui de "sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance" selon Denis Kessler.
Le parallèle est saisissant, non ?
CQFD, même!
On peut vraiment se demander comment des gens de droite qui se disent gaullistes ont pu voter pour Sarkozy.
La vieille droite est de retour, avec les outils de l'ultra libéralisme financier d'aujourd'hui.
Et même Léotard dit que ça va mal finir (dans Marianne de cette semaine).Fallait pas les inviter.
Zgur
22:05 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Guy Môquet, lettre, omité des forges, medef, kessler, CNR, Leotard
15/03/2007
Hommage à Lucie Aubrac et au CNR

APPEL DU CONSEIL NATIONAL
DE LA RÉSISTANCE
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre(1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :
Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15mars1944: Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des " féodalités économiques", droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc.
Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales,alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’ Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.
Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : " Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ".
Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
Vous pouvez voir et entendre les figures historiques de la Résistance Lise London, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Philippe Dechartre, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Georges Séguy, Maurice Voutey. lire ce texte à l'adresse suivante : www.alternatives-images.net/
Ce texte n'a rien perdu de son actualité (le graissage de certains passages est de moi).
Qu'en pense aujourd'hui Simone Veil, qui soutient le candidat sans doute le plus acharné à détruire ce qui reste du programme du CNR ?
Mystère et boule de gomme.
Et pour Lucie Aubrac, je pense comme Corinne qui a écrit sur le DEL :
"Lucie Aubrac aura été exemplaire jusqu'au bout.
Elle a laissé Papon mourir avant elle."
Respect.
Zgur
on peut lire le programme complet du Conseil National de la Résistance ICI
Merci à Olivier B. pour l'idée
21:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : CNR, resistance, Lise London, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Philippe Dechartre, Stéphane Hessel